Petit Disclaimer avant de commencer : on parle ici d’une structure de personnalité et non d’une pathologie. Être dans ce fonctionnement ne veut pas dire que l’on va devenir un psychopathe, par contre il est fort probable qu’une personne souffrant de psychopathie soit dans cette structure de personnalité.
On retrouve dans cette structure des distorsions des fonctions psychiques ayant trait à la réalité et à la relation aux autres. Ce sont des personnalités présentant des parts de fonctionnements archaïques pathologiques et non des maladies. Les maladies (tels que la schizophrénie, les troubles bipolaires, les distorsions comme dans l’autisme,…) peuvent être une conséquence de cette structure (la façon dont la personnalité évolue varie évidemment d’une personne à l’autre, l’on peut également dire qu’il y a autant de variation qu’il y a d’individus).
L’anamnèse des sujets à structure psychotique nous montre une histoire difficile dans une famille déstabilisante, un vécu douloureux souvent intense et déstabilisant.
La période de la relation fusionnelle avec la mère avant 6 mois est le point clé. Celui où se fixe la personnalité psychotique. On est souvent face à une mère absente (parfois présente physiquement mais absente psychiquement).
L’action maternelle permettant à l’enfant d’acquérir une capacité de contrôle et d’apaisement de l’excitation, qu’elle que soit l’origine interne ou externe, n’est pas présente ce qui ne permet pas au sujet psychotique de mettre en place sa capacité à limiter l’excitation, permettant une modération des réponses motrices et des manifestations émotionnelles cohérentes.
Cette première structuration ne se passe pas bien, l’individuation ne se fait pas correctement, la fonction réalitaire n’apparaît pas et la capacité de représentation est affaiblie.
Pour Jeffrey on est face à un enfant dont le père a été souvent absent durant son enfance du fait qu’il faisait des études scientifiques longues.
Il dit ne pas avoir vécu de traumatismes mais ce qu’il l’a marqué, ce sont les disputes incessantes de ses parents. Ces disputes venaient surtout de sa mère et s’accompagnaient de gifles et de coups orientés vers son père.
À l’âge de 6 ans, sa mère donne naissance à son petit frère David et toute l’attention est rapportée sur lui.
Jeffrey se retrouve seul, avec très peu d’amis, sans aucune interaction avec des filles.
On peut constater ici que la mère de Jeffrey Dahmer ne pouvait pas aider son enfant à acquérir du contrôle et de l’apaisement étant donné qu’elle était elle même dans l’incapacité de se contrôler et était dans une violence, un débordement agressif orienté vers son père. Comment cet enfant aurait pu interagir avec des petites filles étant donné que la seule image qu’il a de la femme est celle de sa mère qui bat son frère ? La femme est forcément vu comme dangereuse, agressive, et son instinct lui dit de l’éviter.
Il faut savoir qu’un sujet ayant une structure de personnalité psychotique a toujours du mal à créer du lien. Les contacts immédiats (aisance à communiquer) sont rarement faciles. Face à eux on a un sentiment d’une relation peu congruente dans laquelle le vécu est peu, ou pas, en relation avec la situation présente. La personne semble un peu coupée, absente, dans son monde, préoccupée par ce qui l’habite. On peut avoir une conversation normale mais parfois elle prend une tournure inhabituelle. La communication gestuelle est souvent en désaccord avec ce qui est dit, les propose semblent superficiels, défensifs et par moments très crus avec un contraste entre le contenu énoncé et le vécu affectif (on peut le voire lorsque Jeffrey raconte ses meurtres de façon totalement détachée et impassible).
Vers 8-10 ans il commence à s’intéresser à l’anatomie. Les psychotiques ont un schéma corporel mal intégré et les limites du corps sont floues, ce qui peut expliquer ce passe temps.
Il avait une cabane où il entreposait des animaux, puis des ossements d’animaux morts qu’il nettoyait scrupuleusement. Il était fasciné par la dissection, de voir comment cohabitait les organes internes.
À 13 ans il découvre son homosexualité mais en avait honte et asseyait de la refouler. En grandissant il finit par se couper émotionnellement de son père, ses amis d’enfance, … sa famille.
Il n’a jamais essayé de développer de relation même à l’âge adulte du fait de la situation familiale selon lui. Mais il est important de noter que pour les psychotiques les relations amoureuses durables et satisfaisantes sont rarement possibles. La solitude est le lot de ces personnes mais est relativement bien supportée car les difficultés qu’elle engendre est plus faible que les difficultés relationnelles.
C’est en terminal qu’il commence à avoir ses premiers fantasmes de rapports sexuels avec des personnes entièrement soumises. Il a commencé à fantasmer sur un jogger qu’il voyait fréquemment. Il a pensé le frapper, l’emmener dans les bois et avoir des rapports sexuels avec lui pendant qu’il serait inconscient.
L’objectif n’était pas de le tuer mais de le toucher, se blottir avec lui et explorer son corps. La relation et la personne importait peu c’était le corps masculin, athlétique qui l’intéressait.
Pour le sujet psychotique la loi morale, au sens des grands principes régissant les rapports humains, ne sont pas bien comprises. Et la loi normative, celle des codes et des règlements, est souvent respectée de manière rigide car elle donne un cadre directeur même elle peut être transgressée de manière importante et grave dans certaines situations (comme celle ci par exemple). L’Autre n’existe pas en tant que personne autonome (ici ce n’est plus une personne mais un objet, un corps rien de plus), il est vu au travers de déformations imaginaires majeures et est le plus souvent vécu comme un persécuteur potentiel (ici celui qui l’abandonnera).
Un homme lui a proposé une fellation alors qu’il se trouvait à la bibliothèque ce qui l’a replongé dans ses fantasmes. Il voulait quelqu’un qu’il puisse contrôler entièrement, il ne voulait pas d’échange et pour ça il était préférable que cette personne soit inconsciente. Il a alors abandonné toute résistance. Il a repéré des boîtes de nuit gay ou des bains publics (lieu où les homosexuels pouvaient avoir des rapports sexuels librement à l’époque) afin de trouver des hommes à son goût. Il les droguait à l’aide de somnifères afin d’avoir un total contrôle sur eux sur une longue durée. Il s’en fichait de ce qu’ils pouvaient ressentir il voulait juste faire ce qu’il voulait.
Jeffrey Dahmer insiste sur le fait que ce sont ses pulsions, beaucoup trop fortes pour être contenues qui dictaient ses actes. Elles le soulageaient un temps mais ne suffisaient pas à combler le vide qu’il pouvait ressentir. Tout commencer par un fantasme, puis ce dernier finissait par se réaliser.
Ses pulsions ont finalement pris ce qu’il appelle « une force motrice déterminée », les rendant de plus en plus fortes. Il avaient des désirs bestiaux. Les pulsions agressives priment sur les pulsions libidinales et la pulsion sexuelle n’est pas généralisée. Le Moi ne coordonne pas efficacement les exigences pulsionnelles, celles de la réalité et des diverses instances. Il n’enregistre pas les expériences, ne remplit pas ses fonctions de régulation, d’auto-observation et d’autocritique. De ce fait il ne prenait aucun recul par rapport à ses actes, à leur conséquence ou ne serait-ce sur le fait qu’il ne pouvait pas faire ça à un autre homme.
La première fois que la situation a dérapé depuis son premier meurtre c’était 9 ans après. Il était parti avec un autre jeune homme dans un hôtel afin d’avoir des rapports sexuels. Ils avaient beaucoup bu et il a fini par faire un black-out. À son réveil il a découvert le corps sans vie du jeune homme. Ce n’était pas son intention mais ses désirs de tuer ont resurgis. Il a aimé ce qui s’est suivi après la mort du jeune homme, entre autre le découper, le démembrer.
Il s’est alors voué d’une passion pour des films où des forces invisibles sévissaient sur le monde tel que l’exorcisme ou encore le retour du Jedi. Il a commençait à se projeter en temps que l’empereur Sith Palpatine et à mettre des lentilles de couleur jaune avant de sortir afin de se mettre en condition.
Là où le réel a totalement disparu pour laisser place au fantasme, un fantasme irréalisable, fut le moment où il a commencé à faire des expériences sur ses victimes afin de les maintenir en vie dans la mort, de créer des zombies en leur perçant un trou à l’arrière de la tête et en y mettant de l’acide. Bien entendu les victimes décédées plus ou moins vite après cela.
Il dit également avoir conçu les croquis d’un autel, un piédestal construit à partir des restes de ses victimes, des parties de ce qu’il aimait chez elles afin qu’elles soient toujours auprès de lui. Un sanctuaire pour se sentir moins seul.
On voit à quel point son angoisse d’abandon était forte. Il illustre par ses actes tous les mécanismes de défense des personnalités psychotiques : la fusion (en créant un autel avec les différentes parties de ses victimes, il fusionne les corps pour créer un objet, un objet d’amour unique dénuée de toute vie, dans un total contrôle et qui, parce que c’est un objet et non une personne, ne pourra l’abandonner), le clivage (il créait un personnage lorsqu’il met ses lentilles jaunes, un personnage qui commettra les meurtres, et il y a l’autre Jeffrey qui va tranquillement au travail déniant toute l’atrocité des crimes produits la veille), le morcellement (il va jusqu’à démembrer ses victimes).
Ses parents ont divorcés lorsqu’il avait 18 ans. Sa mère avait mis son père à la porte alors ce dernier est allée vivre dans un hôtel. Elle est ensuite partie seule avec son frère David le laissant seul sans avertir son ex mari. Il dit alors avoir été déprimé, se sentait seul, s’ennuyait. Il était confus qu’il n’y ait personne à la maison et c’est là qu’il a rencontré un jeune homme torse nu faisant du stop pour aller à un concert. Il s’est dit que ce serait bien d’avoir une personne avec qui parler et avoir des relations sexuelles. Sur le plan sexuel les psychotiques sont dans une insatisfaction fréquente. Il était fasciné par les torses et ce jeune homme était torse nu à ce moment là. À nouveau, on voit qu’il n’est pas attiré par une personne mais une partie de son corps, l’Autre n’est vu qu’uniquement comme un objet partiel.
Il voulait contrôler ses victimes, les garder auprès de lui. Lorsqu’il a commis son premier meurtre il a dit que tout ce qu’il voulait été qu’il reste.
Il a décidé de démembrer le corps pour s’en débarrasser. Il a coupé les jambes, les bras et la tête. Comme dit précédemment, le morcellement est l’un des mécanismes de défense des sujets psychotiques. Habituellement c’est de façon uniquement fantasmatique mais ici le fantasme est venu prendre le dessus sur la réalité. Il dit que ce qui lui a plu c’est ce qu’il a pu faire avec le corps après. Il lui aura finalement fallu trois ans pour se débarrasser du corps. Un désir inconscient de garder la personne « en vie » en ne l’enterrant pas ? Se débarrasser du corps voudrait dire que cette personne ne sera plus jamais là, ce qui ne ferait qu’accroitre son angoisse d’abandon.
Il a ressenti de la culpabilité après ce meurtre, mais pour un sujet à structure psychotique les expériences de vie n’apportent pas de corrections et ne permettent pas une amélioration du présent. Ce qui peut expliquer qu’il n’a pas tirer de leçon de cet incident, ce qui l’a conduit à son second meurtre 9 ans après, puis à tous les autres les années qui suivirent.
Après le divorce de ses parents il a emménagé chez son père et était inscrit à l’université. Les sujets psychotiques ont une adaptation de surface mais au fond ils se sentent différent des autres ce qui les empêchent de créer des liens sociaux. Ceci explique pourquoi Jeffrey n’a pas réussi (ou du moins eu l’envie) de créer du lien avec d’autres personnes à l’université. Il buvait beaucoup et était en échec scolaires alors son père et sa belle mère ont décidé de l’enrôler dans l’armée de terre. Il était d’abord dans la base puis dans l’infirmerie de terrain.
Cette expérience lui a permis d’identifier les organes humains, une préoccupation qu’il a gardé de son enfance du fait de la non intégration du schéma corporel et des limites du corps non délimitées.
Il faut savoir que pour le sujet psychotique l’adaptation sociale se fait grâce à ce qu’on appelle des « recettes adaptatives » ou l’effet contenant d’une institution très hiérarchisée et codée telle que l’armée. Ce qui peut expliquer qu’il a réussi à contenir ses pulsions durant ces trois années. Les relations d’amitié et de camaraderie sont rares, gravées de quiproquos et de conflits du fait de l’attribution aux autres d’attitudes inexistantes (ici le fait de l’abandonner). L’insertion au groupe est alors superficielle et n’est permise uniquement grâce à l’institution qui lui donne une place, un rôle. Ici c’est l’armée qui a ce rôle contenant, elle a contenu la pulsion et ainsi le passage à l’acte.
En vivant chez sa grand-mère il a décidé de lutter contre son homosexualité et a commençait à aller à l’église avec cette dernière de manière régulière. Là à nouveau nous sommes face à une institution très hiérarchisée et codée qui va avoir un rôle de contenant pendant un temps.
Il a essayé d’étouffer tout désir sexuel qu’il avait et chercher des substituts pour ne pas avoir à tuer quelqu’un. Il a alors volé un mannequin dans un magasin de prêt à porter afin de se masturber contre lui. Trouvant cela insatisfaisant et sa grand-mère commençant à se questionner il s’en est débarrassé.
Puis les meurtre ont repris mais cette fois de façon ritualisés, mécaniques. Il voulait garder ses victimes auprès de lui alors il les droguait, les étranglait puis violait leur cadavre avant de les démembrer. Un cadavre ne pouvait parler, se plaindre ou partir ce qui lui permettait d’en avoir le contrôle total. Il voulait être avec quelqu’un tout en étant sûr que cette personne ne l’abandonnerait pas. Il a gardé les crânes et les organes génitaux de ses victimes mais ça ne suffisait plus. L’excitation se dissipait à mesure que le corps se détériorait. Il a eu alors l’idée de faire des photos mais ce n’était pas pareil il lui fallait plus alors il a commençait à faire des expériences afin de maintenir ses victimes « en vie » tout en s’assurant les garder sous contrôle. Il voulait créer des zombies, un entre la vie et la mort.
On voit ici très clairement une projection de son enfant intérieur. Le petit Jeffrey avait une cabane dans laquelle il entreposait des ossements d’animaux morts, le Jeffrey adulte a un appartement avec lequel il fait de même mais cette fois-ci avec des restes humains. Il tente de se créer un espace contenant, un espace où il peut être lui même, un espace intime où il réalise tous les fantasmes qui devaient être contenus à l’intérieur de lui. À la place de les contenir, il y a une confusion dedans/dehors, le fantasme vient toucher le réel, l’extérieur. On voit bien ici à quel point les délimitations du corps sont floues, il n’a pas de contenance mais un débordement faisant effraction au réel. Le manque de limite prend tout son sens dans son désir de créer un espace entre la vie et la mort.
Se retrouvant dans une impasse, et afin que ses victimes puissent continuer à vivre à travers lui, il décida de manger certaines parties de leur corps (cuisse, biceps, mollets,…coeur) et de boire leur sang. On est face à des fantasmes archaïques d’anéantissement, de morcellement et de fusion. La fusion passe à nouveau du fantasmatique au réel puisqu’il ingère littéralement des parties de ses victimes.
Ses meurtres vont devenir de plus en plus frénétique, au point où il ne prendra plus le temps de se débarrasser d’un corps avant de tuer à nouveau. Il dit en être arrivé au point où il se douchait avec deux cadavres dans sa baignoire. Ce qui va stopper cette frénésie meurtrière, et cette fois-ci de façon définitive, c’est à nouveau l’institution qui est celle de la prison. Une fois en prison il s’est à nouveau dirigé vers la religion et a décidé de se faire baptiser. La prison, par le cadre même qu’elle impose (des règles strictes, des interdictions, des barreaux, …) a permis de contenir ses pulsions, ses fantasmes.
Il avait été contrôlé par la police après son premier meurtre. Mais alors qu’il avait le corps démembré dans des sacs poubelles à l’arrière de sa voiture il a réussi à les manipuler suffisamment pour qu’ils ne contrôlent pas la voiture et le laisse partir.
Il a également très bien compris les failles du système lorsqu’il s’en est sorti facilement lors de son premier procès. Il était accusé d’avoir drogué et violé un enfant de 13 ans. Le psychocriminologue qui avait à époque auditionné Dahmer avait souligné le fait qu’il était agressif et qu’il ne pourrait vivre en société mais il a réussi à manipuler le juge et a été libéré.
Il arrivait facilement à manipuler par son laxisme, sa décontraction mais surtout son manque d’empathie. Le déni, qui est un mécanisme de défense psychotique, permet cette mise à distance. Il ne montrait aucune faille, ses arguments paraissaient tout à fait probables au point où il a réussi à manipuler deux policiers en leur faisant croire qu’un enfant de 13 ans inconscient était en fait son amant adulte et alcoolisé avec lequel il venait tout juste de se disputer. Son attitude n’a pas alerté les deux policiers qui n’ont ni contrôlé l’âge de l’enfant ni l’appartement de Jeffrey. Ils sont même allés jusqu’à lui confier la victime inconsciente ce qui lui a permis d’achever son meurtre sans être inquiété.
Il était très rationnel en ce qui concerne ce qu’il faisait. Comme il le dit lui même, il ne pouvait contenir ses pulsions. On ne peut donc pas dire qu’il s’agisse de la folie comme cela avait été plaidé lors du procès. Il avait bel et bien conscience de ses actes, on peut voire dans son discours une certaine agressivité envers lui même et de la culpabilité. Ainsi on peut l’entendre dire : c’est la faute de « mon esprit tordu. Ça fait des années que je ne réfléchis pas normalement ».
La psychopathie est un trouble de la personnalité caractérisée par des désordres émotionnels et des comportements antisociaux. Elle n’est pas considérée comme une maladie mentale au sens stricte du terme contrairement à la psychose. Elle n’affecte pas la rationalité du sujet ou la conscience de ses actions. D’ailleurs il a tout fait pour cacher les corps ce qui montre qu’il savait que ce qu’il faisait était mal et qu’il fallait le cacher. On ne peut prétendre soigner un sujet de sa personnalité, de ce qu’il est, de son essence, de son histoire,… alors comment pourrait-on parler de maladie et diriger cette personne vers un hôpital psychiatrique afin qu’elle soit « soigné » ?
Pourtant il y a bien des choses que l’on puisse faire pour aider à canaliser les pulsions d’autant plus si il y a une réel volonté du sujet à le faire. Beaucoup on considérait la mort de Jeffrey comme un échec (médecins, psychiatres, …) car ils auraient aimés l’étudier, apprendre certaines choses afin que la mort de ces jeunes hommes n’ait pas été vaine.
Personnellement je trouve que cette affaire, tout comme bien d’autres, nous rappellent une chose essentielle : il faut prendre soin de nos enfants, savoir détecter les signes le plus tôt possible afin d’éviter ce genre de tragédies car après tout les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain. Les souffrances ne font que s’imprégner davantage avec le temps ce qui les rendront d’autant plus difficile à soigner.
Je vais prendre ici l’exemple d’une tâche d’encre sur une pile de papier. La première couche est toujours la plus vive et plus on effeuille le paquet plus elle s’estompe jusqu’à ce que l’on ne voit plus rien. Notre psychisme est comme ce paquet de feuille, parfois on ne voit rien mais si on regarde les couches qui les précèdent on peut voir une marque se dessinait, elle devient de plus en plus vive, de plus en plus grande au fur et à mesure que l’on se rapproche de la toute première feuille, celle où la marque a été déposée. Nos traumatismes, nos blessures, sont de même. Plus elles sont anciennes, plus elles sont vives et plus elles sont difficiles à trouver et effacer (du moins en partie).
L’histoire de Jeffrey Dahmer a suscité beaucoup d’émotions et certains ont même fini par ressentir de la peine pour lui au détriment des familles de ses victimes. Vous me direz : comment peut-on ressentir de l’empathie pour ce genre de personne ? Et l’empathie envers les victimes on en fait quoi ? Je pense que ce qui a suscité cette tendance est le fait que l’histoire de vie de Dahmer, son enfance, sa solitude, sa souffrance a été extrêmement médiatisée tout comme son procès. Son histoire n’est pas sans rappeler à certains leur propre souffrance, leur angoisse d’abandon, leur sentiment de solitude,… Ce sont des projections qui font que certains peuvent ressentir de la tristesse qui d’apparence est orientée vers lui mais qui finalement l’est surtout vers eux même.
Tout comme ceux qui ressentent de la haine, de la colère,… la souffrance de ces familles ayant perdues leurs proches nous met face à nos propres pertes : et si ça avait été mon frère ? mon cousin ? mon ami ? et si ça avait été moi ?
Angeline PALA
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